PU NEWS

N°19 – JANVIER 2024

A LA UNE

@Crédit photo : Soprema

Le panneau polyuréthane, une solution d’isolation déjà apte au réemploi

Parmi les enjeux qui feront l’actualité du BTP cette année et celle à venir : le réemploi.
La REP PMCB (Responsabilité élargie des Producteurs de Produits et Matériaux de Construction du Bâtiment) a remis le sujet au centre des débats en le fixant comme priorité de son cahier des charges. Les objectifs sont établis à 2 % en 2024 et 4 % en 2027. Aujourd’hui, selon les estimations de l’ADEME, la pratique se situe en-dessous de 1 %.

Le panneau d’isolation thermique en mousse rigide de polyuréthane s’inscrit déjà dans la démarche du réemploi. Les industriels adhérents au SNPU anticipent pour en favoriser l’essor, notamment à travers le développement de systèmes de pose libre ou de fixation mécanique qui facilitent le démontage lors de la déconstruction. Autre atout, comme attesté par les essais de vieillissement, le panneau polyuréthane conserve ses performances thermiques et mécaniques dans le temps, le rendant ainsi apte au réemploi.

En parallèle, le SNPU réfléchit, dans le cadre de sa commission technique, à créer les conditions de généralisation du réemploi, en synergie avec les organismes de réglementation.

Pas de perte des performances dans le temps : un matériau qui conserve ses atouts

Un isolant est qualifié essentiellement par sa performance de conductivité thermique.
Celle du panneau polyuréthane est certifiée à 25 ans (et bien plus encore dans la réalité). Afin de pouvoir garantir une conductivité thermique certifiée de 22mW/(m.K), les industriels mettent sur le marché des panneaux dont la conductivité thermique est sensiblement inférieure (plus elle est basse, plus elle est performante). Ainsi, après 25 ans de vie, la valeur certifiée est toujours d’actualité.

Deux exemples de cas :

  • Les panneaux en polyuréthane démontés, dans des règles bien établies et encadrées, auront potentiellement la capacité à être réutilisés, par exemple, pour former sur un autre chantier un système « deux couches » avec une couche de panneaux neufs et une couche de panneaux de réemploi. Ils sont alors en mesure d’apporter un complément notable d’isolation.
  • Cette utilisation en deuxième couche constitue également une source d’économies potentielles, favorable à la rénovation énergétique. Sur une ancienne isolation en panneau PU, on vient compléter l’isolation d’une nouvelle couche de panneaux PU associée à une étanchéité refaite à neuf : cela permet de disposer d’un complément d’isolation apporté par les anciens matériaux laissés sur place en économisant leur démontage, leur fourniture à neuf et leur pose.

Quand l’éco-conception pousse à la ré-employabilité

Se projetant dans l’avenir, les industriels du panneau polyuréthane adhérents au SNPU travaillent à l’éco-conception des produits. Actuellement, les systèmes peuvent être déployés pour pouvoir être désinstallés facilement. Certains systèmes évitent les collages et privilégient les vissages, rendant possible un futur démontage de l’isolation. Autre mode de pose favorisant le ré-usage des produits : en toiture terrasse, sur les systèmes déjà couramment utilisés, les produits sont mis en œuvre directement sur la dalle béton et la membrane d’étanchéité est posée en indépendance totale sous protection lourde (graviers par exemple). Dans ce cas, lors de la dépose, le démontage des panneaux PU est aisé et permet leur réutilisation facilement.

@Crédit photo : Recticel

Vers une évolution de la codification technique pour des pratiques plus « re-use friendly » ou compatibles avec le réemploi

Il sera déterminant, sur un plan technique et réglementaire, que les organismes normatifs et certificateurs tels que le CSTB ou encore l’AFNOR, travaillent sur la validation des produits au moment de la déconstruction, que ce soit à 20 ans, 30 ans ou plus encore. Si nous prenons l’évolution de la performance thermique dans le temps, il sera essentiel de déterminer une mesure officielle pour la qualifier après récupération de l’isolant et ainsi valoriser le ré-usage dans les modèles.

Certaines règles de mise en œuvre devront aussi évoluer pour autoriser officiellement de nouveaux modes constructifs. Une mise à jour des textes normatifs sera indispensable pour favoriser et accélérer le réemploi.

De même, de nouvelles habitudes sont nécessaires en aval du démontage afin de favoriser le ré-usage des matériaux : une expertise des structures et des défauts éventuels qui permettrait de qualifier les matériaux suivant leur état, leurs niveaux de sollicitation et de vieillissement. Cette expertise sera impérative pour envisager un redéploiement de matières issues du réemploi et en permettre l’assurabilité.

Le SNPU, dont les adhérents sont impliqués au sein de Valobat, l’un des éco-organismes en charge de la REP PMCB, s’est mis à disposition des instances pour mener cette réflexion afin :

  • de favoriser des systèmes démontables,
  • de définir les conditions de reconnaissance des matériaux isolants issus du réemploi (durée de vie, résistance thermique),
  • d’intégrer les matériaux issus du réemploi dans des systèmes constructifs qui puissent être reconnus par les assurances et compatibles avec les garanties qui couvrent le bâtiment.
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