Augmentation des exigences de la Règlementation Thermique pour les bâtiments existants, incitation des pouvoirs publics à la rénovation globale et à la sobriété énergétique…, décryptage des impacts pour les travaux d’isolation et notamment pour le panneau d’isolation thermique en polyuréthane.
Giovanni Lecat, Délégué de Thermorenov, association créée il y a dix ans par les constructeurs de maisons individuelles s’intéressant au marché de la rénovation, autour de la question du développement du métier de constructeur rénovateur, nous apporte son éclairage.
La Réglementation Thermique pour les bâtiments existants – RTex 2018/2023 – a évolué, comment évaluez-vous le décryptage de l’impact pour les parois opaques ?
Giovanni Lecat : Aujourd’hui, le constat est clair : il y a des travaux de rénovation globale dans lesquels sont intégrés les travaux de rénovation énergétique. La Règlementation Thermique pour les bâtiments existants comprend deux versions : l’une globale (hors MI) et l’autre élément par élément avec des exigences de performances liées au matériau mis en œuvre (menuiserie, isolation…) et aux équipements installés dont les niveaux de performance sont fixés par une directive européenne. Si nous nous penchons sur l’isolation des parois opaques, le niveau de performances minimum est modulé selon la zone climatique de la région (H1, H2, H3). Nous étions sur un niveau d’exigences qui correspondait initialement à la RT 2005 parue en 2007, revue à la hausse une première fois en 2018 et un deuxième rehaussement des exigences est prévu à partir de 2023 : la RTex 2018/2023.
Si nous nous penchons plus précisément sur l’isolation des parois opaques, nous notons une augmentation des exigences dans les trois zones H1, H2 et H3. Prenons l’exemple des combles perdus : on passe d’un R=4,8 à un R=5,2 sur les trois zones.
SNPU : La RTex évolue, nous sommes satisfaits des minima exigés. Les isolants sont bonifiés, nous allons dans le bon sens et cela peut encore être approfondi. Les panneaux d’isolation en mousse rigide de polyuréthane répondent déjà aux exigences pour le neuf, et au-delà de la RTex. Ils ont toute leur place pour participer à la rénovation du bâtiment. Le panneau polyuréthane ne nécessite pas une forte augmentation de l’épaisseur. Concrètement, aujourd’hui, en rénovation, si nous prenons l’exemple des rampants de toitures (< 60°), l’épaisseur du panneau à mettre en œuvre est de 100 mm d’épaisseur pour un R de 4,4 (H1). Avec la nouvelle règlementation, nous passerons sur un panneau de 115 mm d’épaisseur pour un R de 5,2 (H1). Cela démontre que les pouvoirs publics peuvent être encore plus ambitieux, et nous sommes prêts !
En parallèle de la règlementation, il y a également de nouvelles obligations incitant à la rénovation. Pouvez-vous nous éclairer à ce sujet ?
Giovanni Lecat : En effet, nous avons en France des objectifs qui vont au-delà de la règlementation, en termes de réduction d’empreinte carbone et de consommation d’énergie. Nous sommes dans une démarche d’incitation, avec des aides pour réaliser les travaux d’isolation qui vont au-delà des exigences réglementaires de la RTex, et nous nous dirigeons vers des obligations.
L’isolation fait partie, depuis des années, des obligations à intégrer lorsque l’on effectue des travaux de rénovation d’une toiture par exemple. Les nouveautés sont surtout liées à la Loi Climat et Résilience qui contient un volet rénovation énergétique. Il y a plusieurs dates clés à retenir pour les ménages et les propriétaires bailleurs qui souhaitent mettre en location un logement :
- depuis août 2022, gel des loyers pour les logements classés F et G,
- au 1er janvier 2023, il sera interdit de louer les plus énergivores des logements classés G,
- au 1er avril 2023, audit énergétique obligatoire avant la vente de logements classés F ou G,
- au 1er janvier 2025, audit énergétique obligatoire avant la vente de logements classés E, et interdiction de location des logements classés G,
- au 1er janvier 2028, interdiction de location des logements classés F,
- au 1er janvier 2034, audit énergétique obligatoire avant la vente de logements classés D, et interdiction de location des logements classés E.
La prochaine échéance est le projet de Loi de Finance qui nous éclairera sur les marqueurs de la rénovation énergétique. Nous espérons un montant d’aide réellement incitatif pour la rénovation globale et une forme de stabilité sur les autres dispositifs d’aides. L’arbitrage va s’effectuer sur les coups de pouce qui seront donnés : quelles aides et pour quels types de travaux. Nous savons déjà que les énergies sont favorisées. Qu’en sera-t-il du « lot isolation » ?
SNPU : Nous sommes favorables au principe de rénovation globale avec le triptyque mur/toiture/plancher. L’isolation de toutes les parois est fondamentale et prioritaire pour atteindre les objectifs fixés. Isoler, ventiler, équiper, il ne faut omettre aucune étape. C’est le socle que nous défendons depuis de nombreuses années en tant qu’industriels.
Un équipement type pompe à chaleur hybride nouvelle génération ne pourra montrer ses performances que si l’habitat est bien isolé. L’enjeu est financier, en se donnant deux à trois ans avec des financements intelligents, nous devrions atteindre les résultats pour répondre aux objectifs fixés à 2050.
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